Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants.
Et d'étranges rêves
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À des grands soleils
Couchants sur les grèves.
Paul Verlaine (Poèmes saturniens)
L'hiver est en chemin et laisse son empreinte sur les arbres. Il est passé par là ce matin, il a grisé ramures et branchages.
L'hiver est en chemin, il voile le ciel de cendres. Le givre réfléchit le soleil, auréole de nacre dans les brumes.
L'hiver est en chemin, il pose sur les fossés frimas et poudre de glace. L'horizon bleu acier s'étale comme aquarelle sur vélin. Nulle volute ne le souligne, mais un clair de gris l'illumine.
L'hiver s'est installé là, au creux des chemins, au cours des ruisseaux, au cœur des bosquets.
L'hiver s'est installé là et fige toute silhouette, toute structure, toute écriture des saisons en une perspective magnifique et funeste.
Loin du bruit, vivant ignorée
Je suis la fleur, chère aux amants
Et que cueille la bien aimée
Dans les jours heureux du printemps
Ma tige fragile et légère
Se balance au souffle du vent
Comme se berce une chimère
Dans les rêves d'un jeune enfant
Mon nom aisément se devine
Je vis modeste dans les champs
Mes pétales couleur d'hermine
Semblent de grands papillons blancs
Je suis le symbole suprême
Le grand conseiller des amours
Et l'on m'admire quand on aime
En effeuillant mes beaux atours
Par Honoré Harmand